Liste des communications

Claire Bailly-Alemu, Réseaux d'en haut, réseaux d'en bas : la constitution et le développement de la JACF jurassienne à la croisée entre initiatives cléricales et nobiliaires et sociabilités rurales traditionnelles.

Par l'intermédiaire de la correspondance de la secrétaire fédérale de la JACF jurassienne dans les années 1930, nous nous proposons de rendre compte des réseaux qui ont été mobilisés par les dirigeants fédéraux du mouvement afin de le rendre crédible, visible et d'accroître sa portée et son action auprès des élites locales mais aussi de s'arrêter sur les réseaux jugés plus traditionnels, de voisinage, familiaux ou amicaux, qui ont permis au mouvement de développer une assise militante importante.

 

Cindy Banse, Les réseaux de sauvetage d’enfants juifs dans la région Rhône Alpes : l’exemple du circuit Garel

Si le titre de Juste parmi les nations (l’objet de ma thèse) récompense des individualités, l’étude plus globale du sauvetage fait poindre une véritable société d’entraide. Pour parvenir à sauver un individu en danger, de multiples solidarités se mettent en branle : depuis le simple informateur jusqu’au producteur de faux papiers, le convoyeur, l’instituteur ou le secrétaire de mairie qui ferme les yeux ou l’hôtesse. Le circuit Garel, né à Lyon à la suite de l’épisode de Vénissieux, à l’automne 1942, illustre parfaitement les réseaux tissés dans l’optique de la survie des enfants. Créé sur l’initiative de personnalités juives, son existence et son efficacité reposent en revanche sur l’entrecroisement de réseaux juifs et non juifs, d’associations clandestines et officielles. Il permet, non sans heurts, d’épargner la vie en l’espace de deux ans à plusieurs centaines d’enfants.

 

Florence Bonifay, ReseauxPoetesXVI : intérêts et limites d’une base de données pour étudier les réseaux de poètes au xvie siècle en France

Au milieu du xvie siècle, en France, émerge une nouvelle génération de poètes identifiée communément sous le nom de Pléiade. L’usage du mot a été remis en cause : aucun groupe de sept poètes solidement constitué n’a existé. En revanche, bon nombre ont partagé des convictions esthétiques, ont affiché leurs liens d’amitié dans leurs vers, ont débattu par poèmes interposés ou se sont fâchés puis réconciliés avec des rimes. Pour étudier la représentation que ces hommes de plume ont donnée de leurs relations dans leurs écrits, un millier de textes ont été réunis dans lesquels ils se sont évoqués ou interpellés mutuellement. Il est vite apparu nécessaire de créer une base de données pour archiver les documents de manière ordonnée et pour en faciliter l’analyse. Cette base de données a été réalisée en partenariat avec deux informaticiens professionnels. Elle permet d’interroger les textes de multiples façons et d’obtenir, entre autres, des statistiques. J’en présenterai la structure afin d’expliquer quelle est son utilité pour analyser les « réseaux » de poètes français entre 1550 et 1585. Cette présentation sera l’occasion de réfléchir aux intérêts et aux limites de l’analyse informatisée des textes pour les études littéraires.

 

François Briatte, Cohésion partisane et clivage gauche-droite dans le travail parlementaire français

Cette communication porte sur les réseaux formés par les co‐signatures d'amendements et de propositions de loi au sein des deux chambres du Parlement français. Les liens entre les auteurs et les co‐auteurs des textes législatifs permettent par conséquent d'observer une dimension différente des échanges parlementaires, plus fréquemment collaborative. En s'inspirant des recherches menées sur le Congrès américain, cette communication explique comment construire, visualiser et modéliser  les réseaux de co-­signatures de l'Assemblée nationale et du Sénat, de 1986 à aujourd'hui, et propose trois méthodes d'examen du degré de cohésion partisane, à l'intérieur de chaque législature et sur l'ensemble de la période.   

 

Alexis Cartonnet, Racine, rhizome & radicelle dans la pensée de Deleuze et Guattari

Dans le texte « Rhizome » de Mille plateaux, Deleuze et Guattari prétendent en finir avec deux types de pensée : la pensée racine et la pensée radicelle, pour lui opposer la pensée rhizome. Derrière un champ métaphorique très botanique, quelles axiomatiques philosophiques ces trois gestes dessinent-ils ? La pensée racine est une pensée unitaire qui ramène tout à un foyer central d’unification, tels que le principe fondateur en philosophie (Descartes), la conscience collective en sociologie (Durkheim), la pyramide de normes en droit (Kelsen). Finalement, la dialectique marxiste selon laquelle « Un se divise en Deux » ne serait que l’ultime avatar de cette pensée unitaire.
La pensée radicelle correspond au structuralisme qui combine des éléments liés par des rapports d’opposition. Elle concerne des domaines variés du savoir tels que la linguistique de Saussure, l’anthropologie structurale de Lévi-Strauss, la psychanalyse de Lacan, le dodécaphonisme de Schönberg ou encore le néoréalisme de Kenneth Waltz dans l champ des relations internationales.
La pensée rhizome enfin propose un tout autre geste : penser les relations réticulaires entre des points : contre le structuralisme, la pensée-rhizome soutient qu’« à l’opposé d’une structure qui se définit par un ensemble de points et de positions, de rapports binaires entre ces points et de relations biunivoques entre ces positions, le rhizome n’est fait que de lignes ».

 

Vincent Chollier, Analyse des réseaux d’élites en Égypte ancienne : réflexions sur des solutions méthodologiques

L’étude des réseaux sociaux en Égypte ancienne se heurte à de nombreux problèmes. Le premier d’entre eux réside dans l’aspect fragmentaire de la documentation étudiée. Le décalage culturel entre l’égyptologue et son objet d’étude peut également se révéler être un facteur important de confusion, notamment au vu de la terminologie désignant les liens sociaux. Dans ce contexte, il s’agit donc de réfléchir à une méthode permettant de mieux cerner les réseaux dans la société égyptienne. Lors de cette présentation, nous tenterons de tracer les grandes lignes de notre méthode de travail à travers une étude de cas : un groupe statuaire datant de l’époque de Ramsès II, représentant vingt-cinq personnages, hommes et femmes, parmi les plus influents de ce règne.

 

Kévin Del Vecchio, Les réseaux des politiques de gestion de l’eau. Interactions des acteurs et conflits idéologiques

La notion de « réseau » est largement répandue au sein des sciences sociales. Nous voulons ici la mettre à profit pour étudier la production de politiques publiques en matière de gestion de l’eau. L’analyse en terme de « réseaux sociaux » propose de mettre en avant les interactions entre les acteurs qui nous semble à même d’expliquer la production de l’action publique. Cependant, nous avons l’ambition d’insister sur la variable idéologique de ses relations, en tentant d’analyser si les interactions concrètes correspondent à des préférences communes en terme d’« idées » et de « valeurs ».

 

Gabriel Garrote, La famille et l’institution : liens privés et mainmise institutionnelle

Cette communication se propose d’interroger les modalités d’un contrôle d’un espace institutionnel au travers de solidarités familiales et d’un cumul de places, à la fois lieu d’apprentissage et moyen de consolider légitimité et influence. Faisant le choix d’une étude de cas, l’intervention se centrera sur la commune de Villefranche (Rhône) qui, de 1815 à 1830, se caractérise par la mainmise d’un lignage. Analysant les positions occupées par les hommes étudiés et les relations qu’ils entretiennent, il s’agira de percer les logiques à l’œuvre pour assurer la pérennité de la domination familiale. L’étude des réseaux interindividuels sera menée tant au niveau intra-organisationnel (échelle micro) qu’inter-organisationnel (échelle méso) afin de montrer en quoi la répartition des postes au sein d’une parentèle infléchit les relations que les institutions entretiennent entre elles (et réciproquement). Enfin, débordant l’analyse de réseaux proprement dit, il s’agira d’utiliser ces derniers comme indice de mécanismes sociétaux en usage sur le territoire étudié.

 

Grzegorz Wierciochin, Hétérotextes et Dialogues sur la tolérance – deux formes des réseaux sémantiques et lexicaux dans les écrits polémiques de Sébastien Castellion (1515 – 1563)

Sébastien Castellion dresse au centre de son écriture polémique le principe de la mise en scène d'une multitude des voix : dans son Traité des hérétiques de 1554, il met en place une architecture hétérotextuelle des positions d'autres réformés s'étant montrés favorables à l'idée de la tolérance religieuse, comme Martin Luther, Johannes Brenz, Sebastian Franck, Érasme etc. Ce procédé lui permet de créer un réseau de textes autour de la tolérance, dans lequel les différents notions se croisent et s'entremêlent. Les textes polémiques de Sébastien Castellion se prêtent à une analyse des réseaux lexicaux et sémantiques autour de la notion de tolérance s'appuyant sur une enquête menée à l'aide du logiciel de textométrie TXM. Une telle étude statistique peut rendre visibles les fréquences, concordances et cooccurrences des mots et des significations à travers lesquelles Castellion construit sa notion de tolérance (comme p.e. « hérésie » –  « vraie foi », « glaive » – « parole », « piété » – « persécution », « punition » – « clémence », mais aussi « habits blancs », « sang » etc.)

 

Stéphanie Huart, Construire un réseau pour contrôler l’espace

En 1427, Jean Rasoir, bourgeois de la ville de Valenciennes, accède à la charge de receveur général du Hainaut. La nomination de ce personnage à une charge comtale arrive au terme d’un réseau de relations tissé sur plusieurs générations, parallèlement à une participation régulière au conseil échevinal et un mariage qui lui offre l’accès à la noblesse. L’homme se place au cœur d’un enchevêtrement de liens, soigneusement travaillés et diversifiés. Sa famille est parmi celles qui dominent la ville en cette fin du Moyen Age, tant politiquement qu’économiquement. Les sources permettent de retracer les étapes de la construction de ce réseau et d'analyser l'inscription de ce réseau dans l'espace, à différentes échelles : dans celui de la ville, dans celui des campagnes valenciennoises, enfin dans celui de la région. Précisant l'analyse sociale stricto sensu, cet examen des logiques spatiales nous permettra d'identifier les cercles de sociabilité établis par cette famille et leur influence territoriale.

 

Meike Knittel, Réseaux botaniques : 
Johannes Gessner (1709-1790) et la recherche botanique au XVIIIe siècle

Le projet examine le réseau épistolaire du botaniste zurichois Johannes Gessner (1709-1790). L'échange des lettres et des objets est considéré comme une pratique centrale pour la production et la transmission des connaissances à l’âge moderne. En conséquence, l’analyse de la correspondance permettra l’exploration des pratiques scientifiques du dix-huitième siècle. La communication présentera les premiers résultats de l’analyse spatiale et sociale du réseau de Gessner et discutera le rôle des conditions politiques ainsi que de la formation professionnelle des naturalistes et des routes commerciales pour le développement des relations. En plus, on choisit une approche quantitative à l'étude de l'échange matériel. Dans l’ensemble, la communication a l’intention de discuter sur la base de ces exemples, l’avantage de la visualisation des réseaux ainsi que adresser le problème de la base des données.

 

Hélène Lannier, Établir la présence du juriste Benoît Lecourt au sein du sodalitium humaniste lyonnais des années 1530

À la Renaissance, la ville de Lyon est réputée pour sa culture, sa richesse, son cosmopolitisme. Nœud d’échanges commerciaux et intellectuels, deuxième ville de l’imprimerie en France, elle offre un cadre propice à la naissance du réseau humaniste que l’on nomme sodalitium – « société, association » en latin. Celui-ci se constitue dans les années 1530 et compte parmi ses membres des humanistes, des auteurs et des poètes tels François Rabelais, Étienne Dolet, Clément Marot, Maurice et Guillaume Scève. Le nom du juriste Benoît Lecourt, auteur de trois œuvres publiées à Lyon, apparaît également parmi eux. Pourtant, la place de ce dernier au sein du sodalitium n’a pas été plus étudiée. L’analyse et le croisement de sources textuelles, paratextuelles et matérielles permettront alors de mieux comprendre l’implication de Benoît Lecourt au sein de ce réseau et les liens qui l’unirent aux autres membres.

Pierre-Damien Laurent, Évolution du réseau viaire lyonnais au XVIe siècle et enjeux de commodité

Dans toute l’Europe du XVIe siècle l’imprimerie diffuse les vues de villes idéales inspirées du modèle antique. Le modèle affiché se recommande par la généreuse proportion des voies, la rationalisation et la régularité de l’espace qu’elles consentent, la part accordée aux perspectives, la mise en valeur des nouveaux édifices. Qu’en est-il du Lyon du XVI e siècle ? Suivant ce courant de pensée on assigne volontiers cette lecture de l’évolution à la consécration d’un progrès, progrès dont l’évaluation reste à faire. La présente communication se donnera pour objet l’examen de la principale destination de ces améliorations : la commodité de l’espace public.

 

Max Luaces, L’apport de l’analyse de phénomènes tardo-républicains romains dans l’étude de l’implication des réseaux à l’élaboration des dynamiques collectives humaines

L’archéologie ne s’intéresse guère à la notion de réseau, en tout cas pas directement. Elle lui préfère la notion de flux. Cependant, le choix même de cette terminologie sous-entend une focalisation sur des aspects matériels et matérialistes. En se concentrant sur les seuls produits, l’archéologie en est venue à négliger les paramètres explicatifs et fonctionnels de ces flux. Notre perspective propose de considérer le concept de réseau, dans le but de tenter d’identifier les mécanismes qui ont participé à l’élaboration de certaines dynamiques humaines. Plus précisément, il s’agirait d’aborder des réseaux tardo-républicaines romains (entre l’Hispanie, l’Italie et la Gaule), ainsi que leur contribution à l’hégémonie de la Rome antique. Par extension, de nombreuses dynamiques humaines pourraient être mieux comprises par l’examen des réseaux réalisés contextuellement, mais également en probable correspondance avec des dispositifs en partie universels chez l’Homme. Cette approche serait à considérer comme une heuristique des réseaux.

Patrizia Rebulla, Le Théâtre de La Monnaie comme plaque tournante de réseaux sociaux (1780-1840)

Depuis toujours, les théâtres sont des lieux privilégiés de rencontres et de vie sociale. Depuis sa fondation en 1700, le Théâtre de La Monnaie était la place où les Bruxellois allaient pour voir et être vus. En ce lieu, les artisans et artistes cultivaient leurs réseaux, les entrepreneurs créaient de bonnes relations pour faire des nouvelles affaires, la police allait pour savoir ce qui se passait en ville, et les familles s’abonnaient à la saison pour bien marier leurs filles. Les liens avec le pouvoir étaient fondamentaux pour le théâtre, vu que l’argent, les privilèges, les octrois et la censure étaient tous des éléments cruciaux pour garantir sa survie. Son répertoire était donc potentiellement très influencé par les changements de régime. Et pourtant, pendant les dernières décennies avant l’indépendance de la Belgique – en sus d’une période de changements radicaux comme la Révolution Française et la révolution industrielle – le pays expérimenta même cinq régimes politiques différents. Comment La Monnaie a-t-elle réussi à garder son cap et garantir une remarquable continuité sans jamais fermer les rideaux ? Par le biais de l’analyse historique de son réseau social, la recherche que je mène souhaite esquisser un début de réponse par l'analyse des relations entre le personnel du théâtre et le reste de la ville.

 

Justine Tentoni, Une occupation réticulaire du pouvoir municipal ? Stratégies matrimoniales et positions de pouvoir à Lyon au XIXème siècle

L'enjeu de la communication est de saisir en quoi l'analyse réticulaire éclaire les positions de pouvoir au niveau municipal à Lyon entre 1830 et 1870. Au cœur de l'étude, les stratégies matrimoniales - mises en évidence à partir des sources d'Etat Civil et sources notariales et analysées dans une approche prosopographique - nous permettent de comprendre les modalités de transmission des charges municipales et au delà comment s'illustrent les stratégies familiales dans le cadre politique local. Nous prendrons l'exemple d'une parentèle multipositionnée, tant dans les instances municipales que dans d'autres sphères de notabilité, en mettant en évidence la construction familiale au fil des différentes alliances. Cette illustration est alors l'occasion d'une redéfinition du paradigme du renouvellement des élites locales au XIXème siècle, les conseillers municipaux étudiés ici étant davantage désignés (nommés ou élus) dans le cadre réticulaire plutôt qu'en fonction d'un parcours individuel

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